Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/167

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et je me surprends sans cesse, songeant à Maurice, à ce qu’il éprouvera quand il reviendra à Valriant — car il y reviendra. C’est à lui que je laisserai ma maison.

Que lui diront les scellés partout, les chambres vides et sombres, le silence profond. Cette maison, qu’il appelait son paradis, pourra-t-il en franchir le seuil sans que son cœur se trouble ? Les souvenirs ne se lèveront-ils pas de toutes parts, tristes et tendres, devant lui ? La voix du passé ne se fera-t-elle pas entendre dans ce morne silence ?

Ô mon Dieu ! voilà que je retombe dans mes faiblesses. Que m’importe qu’il me pleure ? Rien ne saurait-il m’arracher à ce fatal amour ? Quoi ! ni l’éloignement, ni le temps, ni la religion, ni la mort !…

Malheur à moi ! j’ai beau me dire que je n’existe plus pour lui, je l’aime, comme les infortunés seuls peuvent aimer.


24 juin.

De ma fenêtre, je vois très bien le cimetière, et je distingue parfaitement l’endroit où