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ANGÉLINE DE MONTBRUN

(Mina Darville à son frère)


Je me demande pourquoi tu es si triste et si découragé. M. de Montbrun t’a reçu cordialement, que voulais-tu de plus ? Pensais-tu qu’il t’attendait avec le notaire et le contrat dressé, pour te dire : « Donnez-vous la peine de signer. »

Quant à Angéline, j’aimerais à la voir un peu moins sereine. Je vois d’ici ses beaux yeux limpides si semblables à ceux de son père. Il est clair que tu n’es encore pour elle que le frère de Mina.

J’ignore si, comme tu l’affirmes, le chant fut le langage du premier homme dans le paradis terrestre, mais je m’assure que ce devrait être le tien dans les circonstances présentes. Ta voix la ravit.

Je l’ai vue pleurer en t’écoutant chanter, ce que, du reste, elle ne cherchait pas à cacher, car c’est la personne la plus simple, la plus naturelle du monde, et, n’ayant jamais lu de romans, elle ne s’inquiète pas des larmes que la pénétrante douceur de ton chant lui fait verser.

Moi, en semblables cas, je ferais des réflexions ; j’aurais peur des larmes.