Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/173

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Veuillez le remercier de ma part, et lui faire comprendre qu’il ne doit plus m’écrire. À quoi bon !

Chère sœur, je ne puis regarder sans émotion ces belles boucles brunes que vous arrangiez si bien. Qui nous eût dit qu’un jour cette superbe chevelure tomberait sous le ciseau monastique ? qu’une guimpe de toile blanche entourerait votre charmant visage ?

Ma chère mondaine d’autrefois, comme j’aimerais à vous voir sous votre voile noir.

Ainsi, vous voilà consacrée à Dieu, obligée d’aimer Notre-Seigneur d’un amour de vierge et d’épouse.

Ce qu’on dit contre les vœux perpétuels me révolte. Honte au cœur qui, lorsqu’il aime, peut prévoir qu’il cessera d’aimer.

Mon amie, je ne dors guère, et en entendant sonner quatre heures, votre souvenir me revient toujours. Ma pensée vous suit, tout attendrie, dans ces longs corridors des Ursulines.

J’ai assisté à l’oraison des religieuses. J’aimais à les voir immobiles dans leurs stalles, et toutes les têtes, jeunes et vieilles, inclinées sous la pensée de l’éternité. L’éter-