Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/181

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l’inspiration qui me portait vers mon père. Ce dernier entretien restera l’une des forces de ma vie.

Je le trouvai qui lisait tranquillement. Nox dormait à ses pieds devant la cheminée, où le feu allait s’éteindre. Je me souviens qu’à la porte, je m’arrêtai un instant pour jouir de l’aspect charmant de la salle. Il aimait passionnément la verdure et les fleurs et j’en mettais partout. Par la fenêtre ouverte, à travers le feuillage, j’apercevais la mer tranquille, le ciel radieux. Sans lever les yeux de son livre, mon père me demanda ce qu’il y avait. Je m’approchai, et m’agenouillant, comme je le faisais souvent devant lui, je lui dis que je ne pourrais m’endormir sans la certitude qu’aucune ombre de froideur ne s’était glissée entre nous, sans lui demander pardon, si j’avais eu le malheur de lui déplaire en quelque chose.

Je vois encore son air moitié amusé, moitié attendri. Il m’embrassa sur les cheveux, en m’appelant sa chère folle, et me fit asseoir pour causer. Il était dans ses heures d’enjouement, et alors sa parole, ondoyante et légère, avait un singulier charme. Je n’ai