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qui se levait dans mon âme, n’a pas été croissant jusqu’à ce jour.

Chose singulière ! le parfum de l’héliotrope me porte toujours à cette heure sacrée — la dernière de mon bonheur. — Ce soir-là il en portait une fleur à sa boutonnière, et ce parfum est resté pour jamais mêlé aux souvenirs de cette soirée, la dernière qu’il ait passée sur la terre.


8 juillet.

Quand je vivrais encore longtemps, jamais je ne laisserai ma robe noire, jamais je ne laisserai mon deuil.

Après la mort de ma mère, il m’avait vouée à la Vierge, et d’aussi loin que je me rappelle j’ai toujours porté ses couleurs. Pourrait-elle l’oublier ? C’est pour mes voiles d’orpheline que j’ai abandonné sa livrée, que je ne devais quitter qu’à mon mariage. Ces couleurs virginales plaisaient à tout le monde, à mon père surtout. Il me disait qu’il ne laissait jamais passer un jour sans rappeler à la sainte Vierge que je lui appartenais.