Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/199

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En montant ce noble animal que mon père aimait, j’avais un terrible poids sur le cœur, mais la rapidité du galop m’a étourdie. Au retour j’étais fatiguée, et il m’a fallu mettre mon beau Sultan au pas. Alors les pensées me sont venues tristes et tendres.

Je regrette de n’avoir rien écrit alors que ma vie ressemblait à ces délicieuses journées de printemps, où l’air est si frais, la verdure si tendre, la lumière si pure. J’aurais du plaisir à revoir ces pages. J’y trouverais un parfum du passé. Maintenant le charme est envolé ; je ne vois rien qu’avec des yeux qui ont pleuré. Mais il y a des souvenirs de bonheur qui reviennent obstinément comme ces épaves qui surnagent.


4 août.

Depuis ma promenade, ma pensée s’envole malgré moi vers la Malbaie. J’ai des envies folles d’y aller, et pourquoi ? Pour revoir un endroit où j’ai failli me tuer. C’est au bord d’un chemin rocailleux, sur le penchant d’une côte ; il y a beaucoup de cornouillers