Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/206

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Autour de moi tout est tranquille. Le parfum des grèves — ce parfum que Maurice aimant tant — m’arrive pénétrant et âpre. Là-bas, sur les ondes argentées, on voit courir des étincelles de feu. Mais la mer est calme, étrangement calme, et je n’entends rien que le murmure du ruisseau, à travers le jardin, et par-ci par-là, le bruissement des feuilles au passage de la brise.

Qui n’a senti ses yeux se mouiller devant le calme profond de la campagne à demi plongée dans l’ombre ? qui n’a prêté une oreille charmée à ces divins silences, à ces vagues et flottantes rumeurs de la nuit ?

Mon Dieu, j’aurais besoin d’oublier combien la terre est belle !

Le jour distrait toujours un peu, mais la nuit, l’âme s’ouvre tout entière à la rêverie et quand le cœur est troublé, l’imagination répand partout, avec ses flammes des flots de tristesse. Vainement j’essaie de regarder le ciel. Il faut des eaux calmes pour en refléter la beauté et mon âme


« N’est plus qu’une onde obscure où le sable a monté. »