Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/211

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je me ranimais à ce chant si tendre, si pénétrant.

Dans ma pensée enténébrée, c’était la voix du chrétien qui, du fond de la tombe, chantait ses immortelles tendresses et ses impérissables espérances ; c’était la voix de l’élu qui, du haut du ciel, chantait les reconnaissances et les divines allégresses des consolés. Ce terrible silence de la mort, souffrance inexprimable de l’absence éternelle, il me semblait que l’amour de mon père l’avait vaincu et combien de fois j’ai désiré revivre cette heure. Cette heure inoubliable, si étrange et si douce, où je me repris à la vie, bercée par une mélodie divine.

Le chant se continuait toujours. J’écoutais comme si le ciel se fut entr’ouvert et il vint un moment où j’aurais succombé, sous l’excès de l’émotion, sans les larmes qui soulagèrent mon cœur. Elles coulèrent en abondance, et à mesure qu’elles coulaient, je sentais en moi un apaisement très doux.

— Maurice, Maurice, sanglota Mina, elle est sauvée.

Alors le jour se fit dans mon esprit ; je