Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/250

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lumière, une reconnaissance profonde, et il aurait voulu voir son portrait dans toutes les familles canadiennes.

Ce portrait respecté, il est là à son ancienne place. Parfois, je m’arrête à le considérer. Qui sait, disait Crémazie, de combien de douleurs se compose une gloire ? Pensée touchante, et, quant à Garneau si vraie !

Pour faire ce qu’il a fait, il faut aller au bout de ses forces, ce qui demande bien des efforts sanglants. Ah ! je comprends cela. Sans doute, je n’y puis rien, mais j’aime mon pays, et je voudrais que mon pays aimât celui qui a tant fait pour l’honneur de notre nom. J’espère qu’au lieu de plonger dans l’ombre, la gloire de Garneau ira s’élevant. Et ne l’a-t-il pas mérité ? Étranger aux plaisirs, sans ambition personnelle, cet homme admirable n’a songé qu’à sa patrie.

Il l’aimait d’un amour sans bornes, et cet amour rempli de craintes, empreint de tristesse, m’a toujours singulièrement touchée. D’ailleurs, il l’a prouvé jusqu’à l’héroïsme. Dans ce siècle d’abaissement, Garneau avait la grandeur antique.

C’est l’un de mes regrets de ne l’avoir pas