Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/251

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connu, de ne l’avoir jamais vu. Mais j’ai beaucoup pensé à lui, à ses difficultés si grandes, à son éducation solitaire et avec respect je verrais cette mansarde où, sans maîtres et presque sans livres, notre historien travaillait à se former.

Oh ! qu’il a été courageux ! qu’il a été persévérant ! et combien de fois je me suis attendrie, en songeant à cette faible lumière qui veillait si tard, et allait éclairer notre glorieux passé.

Mais il a fini sa tâche laborieuse. Maintenant longue est sa nuit. J’ai visité sa tombe au cimetière Belmont. Alors, je n’avais jamais versé de larmes amères, et ma vive jeunesse s’étonnait et se troublait du calme des tombeaux ; mais devant le monument de notre historien, le généreux sang de mes ancêtres coula plus chaud dans mes veines.

Je me souviens que j’y restai longtemps. Enfant encore par bien des côtés, je n’étais cependant pas sans avoir profité de l’éducation que j’avais reçue. Déjà, j’avais le sentiment profond de l’honneur national, et, comme celui qui dit à Garneau l’adieu