Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/261

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m’avait fallu un effort terrible qui m’avait ranimée — et cette étrange émotion que me causa sa voix.

Je savais que je l’entendais pour la dernière fois. Pourtant je restai calme.

J’étais bien au-dessous des larmes, et après qu’il eut cessé de chanter, je me souviens que nous échangeâmes quelques paroles indifférentes sur le vent, sur la pluie qui battait les vitres. Il resta ensuite silencieux à regarder le feu qui brûlait dans la cheminée ; je lui trouvais l’air ennuyé. Ah ! le cœur si riche d’amour, d’ardente flamme, était bien mort.

J’avais pris l’habitude de l’observer sans cesse, et je voyais parfaitement comme la vie lui apparaissait aride, décolorée. Je voyais tout cela, mais dans mon cœur il n’y avait plus d’amertume contre lui. Jamais il n’avait été pour moi ce qu’il m’était en ce moment. Comme je sentais la profondeur de mon attachement ! comme je voyais bien ce que la vie me serait sans lui !

Cependant il fallait bien en finir, et d’une main ferme, je tenais cet anneau de la foi qui me brûlait depuis qu’il ne m’aimait plus,