Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/267

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à côté des sacrifices il y a les joies de l’apostolat. En arrivant ici, je parlais déjà couramment deux langues sauvages et je fus envoyé chez les Chippeways.

Là, je vous l’avoue, bien des lâches regrets me vinrent assaillir. Mais Notre-Seigneur eut pitié de son indigne prêtre. Il me conduisit auprès d’une jeune malade qui attendait le baptême pour mourir.

Je dis attendait et c’est le mot, car depuis plusieurs semaines, sa vie semblait un miracle ; et il n’est pas possible de dire avec quelle facilité cette âme très simple entendit la parole du salut. Bienheureux, oui bienheureux les cœurs purs. Si vous aviez vu l’expression de son visage mourant quand elle aperçut le crucifix !

Je la baptisai avec une de ces joies qui laissent le cœur meurtri. Ô froides allégresses de la chair ! ô pauvres bonheurs de la terre, que le prêtre est heureux de vous avoir sacrifiés ! Quelles larmes j’ai versées dans cette misérable cabane ! Si vous l’aviez vue, comme elle était après sa mort, couchée sur quelques branches de sapin, son front