Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/31

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dit-elle. Et regardait son père avec cette adorable coquetterie qu’elle n’a qu’avec lui. — Mais je le craignais tant !

Mina, je me demande comment j’arrive à me conduire à peu près sensément. Au fond, je n’en sais rien du tout.

Pour revenir à mon récit, sur le mur, en face de la table de travail de M. de Montbrun, il y a un petit portrait de sa femme, et un peu au-dessous, suspendue aussi par un ruban noir, une photographie de notre pauvre père en capot d’écolier. C’est surtout sa figure fatiguée et malade que je me rappelle, et pour moi ce jeune et souriant visage ne lui ressemble guère.

J’étais à le considérer quand M. de Montbrun entra. Nous parlâmes du passé, de leur temps de collège. Jamais je ne l’avais vu si cordial, si affectueux. Je crus le moment bien choisi, et lui dis assez maladroitement :

— Il me semble que vous devez regretter de ne pas avoir de fils.

Il me regarda. Si tu avais vu la fine malice dans ses beaux yeux.

— D’où vous vient ce souci, mon cher,