Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon âme comme de mon sang, et qui pourrait dire jusqu’à quel point cette double parenté nous attache l’un à l’autre ?

Vous ne l’ignorez pas, d’ordinaire on aime ses enfants plus qu’on n’en est aimé. Mais d’Angéline à moi il y a parfait retour, et son attachement sans bornes, sa passionnée tendresse me rendrait le plus heureux des hommes, si je pensais moins souvent à ce qu’elle souffrira en me voyant mourir.

J’ai à peine quarante-deux ans ; de ma vie, je n’ai été malade. Pourtant cette pensée me tourmente. Il faut qu’elle ait d’autres devoirs, d’autres affections, je le comprends. Maurice, prenez ma place dans son cœur, et Dieu veuille que ma mort ne lui soit pas l’inconsolable douleur.

Dans ce qui m’a été dit sur votre compte, une chose surtout m’a fait plaisir : c’est l’unanime témoignage qu’on rend à votre franchise.

Ceci me rappelle que l’an dernier, un de vos anciens maîtres me disait, en parlant de vous : « Je crois que ce garçon-là ne mentirait pas pour sauver sa vie. » À ce propos, il raconta certains traits de votre temps