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ÉLISABETH SETON

porter. Très cher William, où es-tu maintenant ? Je perds de vue la terre où reposent tes restes chéris, et ton âme est dans cette région de l’immensité où je ne puis aller te trouver. Mon Dieu ! mon Père ! Et cependant mon souvenir ne doit-il pas se rappeler avec amour toutes les dispositions de votre Providence ? Être conduite à une si énorme distance, dans une poursuite désespérée ; soutenue des consolations de votre grâce à travers une suite d’épreuves où la nature, abandonnée à elle-même, aurait succombé ; amenée à la lumière de votre vérité, quand les premières affections de mon cœur et de ma propre volonté lui étaient opposées ; secourue et recueillie par l’amitié la plus tendre, tandis que j’étais si loin de tous ceux que j’avais jusqu’alors aimés ! Ô mon Père et mon Dieu ! souffrez que je vous bénisse tant que je vivrai ; souffrez que je vous serve et vous adore tant que je respirerai ! »


20 avril.

« Il y a aujourd’hui trente-sept ans que mon William venait au monde. Ce jour de sa naissance, le passe-t-il au ciel ? Ô mon ami bien-aimé, que mon âme serait heureuse si elle était, réunie à la tienne ! Quelle joie, si elle se retrouvait avec toi devant le trône de Dieu ! Ah ! si tu es encore dans les chaînes de la justice, comme je voudrais pouvoir partager ta peine et l’adoucir ! Ne vous irritez pas contre moi, mon Sauveur ; mais voyez mon désir et soyez-moi miséricordieux !

« Mes chers petits enfants, point de fête joyeuse pour vous aujourd’hui ! Et toi, chère Rébecca, sœur de mon âme, je ne sais quoi de plus fort que moi me dit que, toi aussi, tu es au ciel. »


21 avril.

« Tant de jours passés à bord, et point de courage pour me mettre à écrire à mon journal ! Ô mon Dieu ! écoutez favorablement ma prière, acceptez mes larmes.