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L'OBSCURE SOUFFRANCE

premier coup d’œil, il semble qu’il suffit d’un peu de foi et de raison pour n’en pas douter. Mais c’est le contraire. Du moins, j’ai beau faire, je ne puis m’amener à ces austères dédains.

Faut-il mépriser tout ce qui ne dure pas éternellement ? Ni la verdure, ni les fleurs ne durent toujours. Cependant, qu’elles sont belles et, sans elles, que la terre serait triste, qu’elle serait laide !


26 mai.



Oui, la verdure est belle et enfin voici le printemps sérieusement à l’œuvre. On sent circuler la vie fraîche, puissante, exubérante.

En levant les branches d’épinette posées sur le parterre l’automne dernier, j’ai trouvé des pensées épanouies. Le cœur m’a battu de plaisir. Comment ont-elles fleuri dans la froidure, sans soleil ?… Où ont-elles pris leur velours brun-doré et leur parfum ? Mystère charmant ! Vie et jeunesse de la vieille terre maternelle !