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L'OBSCURE SOUFFRANCE

Languirai-je longtemps sur mon lit de malade entre les quatre murs d’une chambre ? Qui m’assistera ? Qui sera auprès de moi pendant mon agonie ? Peu importe, on meurt seul. Et on meurt par molécules : la vie persiste encore quand tous les signes de la vie ont cessé. La terre que j’habite, tout ce vaste univers aura disparu à mes yeux, aucune parole ne m’arrivera plus, je serai bien au-delà de toute atteinte humaine et mon âme sera encore retenue dans ses liens. Qui dira l’angoisse de cette solitude totale ?

Seigneur Jésus, Sauveur très compatissant, ne m’abandonnez pas dans ce délaissement redoutable. J’aurai prononcé pour la dernière fois votre nom, ma main glacée aura laissé échapper votre croix ; mais je proteste qu’alors je veux m’attacher à vous avec une confiance éperdue.

Chétive et égoïste créature que je suis, en approchant d’un mourant, tout mon être frémit de pitié. Je sens que pour lui venir en aide, rien ne me coûterait.

Ô Christ amour, divin Sauveur, qu’éprouvez-vous quand au passage terrible vos rachetés