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L'OBSCURE SOUFFRANCE

trayant. Ah ! leurs exigences étaient modestes. D’après Marie de l’Incarnation, elles demandaient d’abord si l’épouseur qui se présentait avait une maison.

Cette maison — quand il y en avait une — était bien petite, bien fruste, bien peu sûre. Et, en y entrant, la nouvelle mariée ne devait pas avoir l’âme en fête.

L’inconnu, qu’elle avait pris pour maître, saurait-il lui adoucir les privations, le rude travail, les angoisses journalières ?

On leur apportait le baril de farine et le baril de lard donnés par le roi. Content d’avoir une compagne et un chez soi, le mari battait le briquet et allumait le feu.

La ménagère se mettait à sa besogne et les époux encore si étrangers l’un à l’autre prenaient leur premier repas ensemble.

La joyeuse flambée de l’âtre donnait du charme à l’humble logis. Aux alentours la forêt bruissait.

Lui racontait les misères, les ennuis de sa vie solitaire, les durs commencements dans la terre toute neuve et faisait des projets. Ils tâchaient de se plaire, de se deviner.