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PHYSIONOMIES DE SAINTS

ascendant sur eux était sans bornes. Il n’avait qu’à ordonner et les idoles les plus chères, les plus redoutées volaient en éclats.

Dès les premiers temps de sa prédication, le P. Solano vit accourir une multitude d’hommes, qui venaient spontanément se faire instruire et baptiser.

Comment dire ce que ressentait l’apôtre ? Du plus profond de son être jaillissaient des flots de tendresse, et c’est avec une joie divine qu’il enfantait les âmes à Jésus-Christ.

Après le Tucuman, aujourd’hui République Argentine, François Solano évangélisa les immenses régions du Paraguay, et partout son apostolat fut singulièrement béni, prodigieusement fécond. Plusieurs fois l’on vit se renouveler les merveilles de conversion des temps apostoliques, et à Riosca, sur la frontière du Chili, le miracle de la première prédication de saint Pierre se répéta : le P. Solano fut compris d’une armée parlant différentes langues.

La bulle de canonisation rapporte ainsi ce fait : « Un jour de Jeudi saint, les chrétiens s’étaient assemblés, selon leur coutume, pour célébrer saintement les mystères de la Passion de Notre-Seigneur ; plusieurs milliers d’infidèles s’attroupèrent pour fondre sur eux et les exterminer. François Solano ayant paru, prêcha la paix à ces barbares de nations et de langues différentes, les désarma et en convertit plus de neuf mille à la foi de Jésus-Christ ».

D’après la même bulle, le Père Solano instruisit et baptisa une multitude innombrable d’indiens. Il leur mettait dans les entrailles l’amour de Jésus-Christ. Ceux qu’il avait faits enfants de Dieu pouvaient être asservis, ensevelis tout vivants dans les profondeurs de la terre, mais ils y emportaient la foi bénie et radieuse, la croyance invincible au Christ — l’homme de la douleur — et l’affreuse vie des mines n’était plus pour eux que le céleste et mystérieux chemin.

Malgré ses immenses labeurs, jamais François Solano ne se relâcha dans sa royale pratique de la péni-