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SAINTE CATHERINE DE SIENNE

hardiment, sans crainte et dites la vérité sur tout ce qui vous paraît intéresser la gloire de Dieu et l’honneur de l’Église ; nous n’avons qu’une vie et nous devons l’exposer à mille morts ».

Elle parlait avec une autorité tellement surnaturelle, qu’elle pouvait tout dire. Cette fille du peuple, qui ne savait lire et écrire que par miracle, a été l’apôtre du Christ, son ambassadeur auprès des républiques, des rois et des Souverains Pontifes.

Le séjour des Papes à Avignon avait eu des conséquences désastreuses.

Depuis soixante-quinze ans que son Pontife l’avait abandonnée, Rome, tantôt suppliante, tantôt menaçante, avait en vain multiplié les ambassades. En vain le Dante et Pétrarque, en leurs poétiques accents, avaient conjuré le Chef de l’Église de faire cesser le triste veuvage de la reine des nations, d’être sensible aux larmes de son Épouse délaissée.

Ce que ni Rome, ni les deux plus grands idéalistes de l’Italie n’avaient pu obtenir, la vierge de Sienne l’obtint, malgré les intrigues de la cour d’Avignon, malgré les efforts du roi de France qui, pour retenir le pape, lui envoya son propre frère, le duc d’Anjou. « Pourquoi quitter sa patrie. L’Italie était en feu… Rome n’était plus qu’un désert et ses habitants des sauvages turbulents et dangereux ».

Mais Catherine savait faire entendre la voix du devoir.

Jamais saint n’aima plus qu’elle l’honneur de l’Église.

Un jour, qu’elle priait pour cette mère affligée, Notre-Seigneur lui dit :

« Ma fille, je veux que tu laves avec tes larmes et tes sueurs la face souillée de mon Épouse ».

Ce fut l’effort, l’œuvre de sa vie.

La Sainte naquit en 1347, dans cette vieille et intéressante ville de Sienne, que les poètes nous représen-