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être catholique, mais je serai toujours votre ami le plus sûr et le plus tendre. D’ailleurs, puisque Dieu dirige tout, jusqu’au vol des oiseaux, n’est-ce pas lui qui nous a réunis ?

Après les premiers mois de mon deuil, ceux qui s’intéressaient à moi me conseillèrent de me marier. Je laissai dire, et, suivant le désir de Charles, je m’occupai des malheureux. C’était la seule consolation que je puisse goûter. Plus tard, je songeai au mariage ; j’y inclinai par le besoin d’aimer, si grand dans mon cœur ; mais il me fallait une affection élevée et profonde, l’amour, comme je l’avais compris dans le moment le plus solennel, le plus déchirant de ma vie. Dieu m’a conduit vers vous, qui êtes tout ce que je souhaite, tout ce que j’ai rêvé, vers vous de toutes les femmes la plus vraie, la plus aimante et la plus pure.

Dites-moi, Thérèse, croyez-vous vraiment que la différence de religion mette un abîme entre nous ? Ô mon amie, comment avez-vous pu dire cette cruelle parole ?

Il est vrai, nous ne professons pas tout à fait la même foi, mais tous les deux, nous savons que Dieu nous aime et qu’il faut l’aimer ; tous les deux, nous savons que secourir les pauvres est un bonheur et un devoir sacré ; tous les deux, nous croyons que Jésus-Christ nous a rachetés, par son sang. Ma noble Thérèse, ma fiancée si chère, ne craignez donc pas d’être ma femme ; ne craignez pas de vous appuyer sur mon cœur pour jusqu’à ce que la mort nous sépare par l’ordre de Dieu.