Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/42

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suffisantes pour nous donner toutes les idées qu’on a communément des corps. En est-il en effet quelqu’une qui ne soit pas renfermée dans ces premières perceptions ? N’y trouve-t-on pas les idées d’étendue, de figure, de lieu, de mouvement, de repos, & toutes celles qui dépendent de ces dernières ?

Qu’on rejette donc l’hypothèse des idées innées ; & qu’on suppose que Dieu ne nous donne, par exemple, que des perceptions de lumière & de couleur. Ces perceptions ne traceront-elles pas à nos yeux de l’étendue, des lignes & des figures ? Mais, dit-on, on ne peut s’assurer par les sens si ces choses sont telles qu’elles le paroissent : donc les sens n’en donnent point d’idées. Quelle conséquence ! S’en assure-t-on mieux avec des idées innées ? Qu’importe qu’on puisse, par les sens, connoître avec certitude quelle est la figure d’un corps ? La question est de sçavoir si, même quand ils nous trompent, ils ne nous donnent pas l’idée d’une figure. J’en vois une