Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/48

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en supposant au dehors quelque chose de conforme à cette idée, nous nous le représentons toujours d’une manière aussi claire que si nous ne le considérions que dans l’idée même. Il en est tout autrement des couleurs, des odeurs, &c. Tant qu’en réfléchissant sur ces sensations nous les regardons comme à nous, comme nous étant propres, nous en avons des idées fort claires. Mais, si nous voulons, pour ainsi dire, les détacher de notre être & en enrichir les objets, nous faisons une chose dont nous n’avons plus d’idée. Nous ne sommes portés à les leur attribuer, que parce que, d’un côté, nous sommes obligés d’y supposer quelque chose qui les occasionne ; & que, de l’autre, cette cause nous est tout-à-fait cachée.

§. 13. c’est en vain qu’on auroit recours à des idées ou à des sensations

    abstraite. Nous ne pouvons nous représenter des êtres séparés, qu’autant que nous en supposons d’autres qui les séparent ; & la totalité emporte l’idée d’union.