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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/60

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d’expliquer par des raisons physiques. Il est certain, diroit-on, que l’ame n’a des perceptions qu’autant que l’action des objets sur les sens se communique au cerveau[1]. Or on pourroit supposer les fibres de celui-ci dans une si grande contention, par l’impression qu’elles reçoivent de la scène qui cause l’illusion, qu’elles résisteroient à toute autre. D’où l’on concluroit que l’ame n’a eu d’autres perceptions que celles dont elle conserve le souvenir.

Mais il n’est pas vraisemblable que, quand nous donnons notre attention à un objet, toutes les fibres du cerveau soient également agitées, en sorte qu’il n’en reste pas beaucoup d’autres capables de recevoir une impression différente. Il y a donc lieu de présumer qu’il se passe en nous des perceptions dont nous ne nous souvenons pas le moment d’après que

  1. Ou, si l’on veut, à la partie du cerveau qu’on appelle sensorium commune.