Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/63

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eu de celle des mots, ni, par conséquent, des idées.

§. 10. cette expérience conduit naturellement à rendre raison d’une chose dont chacun a fait l’épreuve. C’est la vîtesse étonnante avec laquelle le temps paroît quelquefois s’être écoulé. Cette apparence vient de ce que nous avons oublié la plus considérable partie des perceptions qui se sont succédées dans notre ame. Locke fait voir que nous ne nous formons une idée de la succession du temps, que par la succession de nos pensées. Or des perceptions, au moment qu’elles sont totalement oubliées, sont comme non avenues. Leur succession doit donc être autant de retranché de celle du temps. Par conséquent, une durée assez considérable, des heures, par exemple, doivent nous paroître avoir passé comme des instans.

§. 11. cette explication m’exempte d’apporter de nouveaux exemples : elle en fournira suffisamment à ceux qui voudront y réfléchir. Chacun peut remarque que, parmi les perceptions