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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/77

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parce que les sensations, d’où nous les tirons, sont telles que, tant que nous veillons, il nous est impossible de nous en séparer. Le goût & l’odorat peuvent n’être point affectés ; nous pouvons n’entendre aucun son, & ne voir aucune couleur : mais il n’y a que le sommeil qui puisse nous enlever les perceptions du toucher. Il faut absolument que notre corps porte sur quelque chose, & que ses parties pèsent les unes sur les autres. De-là naît une perception qui nous les représente comme distantes & limitées ; & qui, par conséquent, emporte l’idée de quelque étendue.

Or, cette idée, nous pouvons la généraliser, en la considérant d’une manière indéterminée. Nous pouvons ensuite la modifier, & en tirer, par exemple, l’idée d’une ligne droite ou courbe. Mais nous ne sçaurions réveiller exactement la perception de la grandeur d’un corps ; parce que nous n’avons point, là-dessus, d’idée absolue qui puisse nous servir de mesure fixe. Dans ces