Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/21

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augmenter, par une voie aussi lente, considérablement le nombre, il fallut sans doute plusieurs générations. Le langage d’action, alors si naturel, étoit un grand obstacle à surmonter. Pouvoit-on l’abandonner pour un autre dont on ne prévoyoit pas encore les avantages, & dont la difficulté se faisoit si bien sentir ?

§. 8. À mesure que le langage des sons articulés devint plus abondant, il fut plus propre à exercer de bonne heure l’organe de la voix, & à lui conserver sa première flexibilité. Il parut alors aussi commode que le langage d’action : on se servit également de l’un & de l’autre : enfin l’usage des sons articulés devint si facile qu’il prévalut.

§. 9. Il y a donc eu un temps où la conversation étoit soutenue par un discours entremêlé de mots & d’actions. « L’usage & la coutume[1], ainsi qu’il est arrivé dans

  1. Essai sur les Hiérogl. §. 8. & 9.