Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/25

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exprimés par des actions. L’antiquité profane en est pleine… Les premiers oracles se rendoient de cette manière, comme nous l’apprenons d’un ancien dire d’Héraclite : que le Roi, dont l’oracle est à Delphes, ne parle ni ne se tait ; mais s’exprime par signes. Preuve certaine que c’etoit anciennement une façon ordinaire de se faire entendre, que de substituer des actions aux paroles[1]. »

§. 10. Il paroît que ce langage fut surtout conservé pour instruire le peuple des choses qui l’intéressoient davantage ; telles que la police & la religion. C’est que agissant sur l’imagination avec plus de vivacité, il faisoit une impression plus durable. Son expression avoit même quelque chose de fort & de grand, dont les langues, encore stériles, ne pouvoient approcher. Les anciens appelloient ce langage du nom de danse : voilà pourquoi il est dit

  1. Essai sur les Hirogl. §. 10.