Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/38

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qu’elles ne pouvoient être contrariées par celles que demandoient les accens.

§. 18. Au reste ceux qui se mettront à la place des Grecs & des Romains, ne seront point étonnés que leur déclamation fût un véritable chant. Ce qui fait que nous jugeons le chant peu naturel, ce n’est pas parce que les sons s’y succèdent conformément aux proportions qu’exige l’harmonie ; mais parce que les plus foibles inflexions nous paroissent ordinairement suffisantes, pour exprimer nos pensées. Des peuples accoutumés à conduire leur voix par des intervalles marqués, trouveroient notre prononciation d’une monotonie sans ame ; tandis qu’un chant qui ne modifieroit ces intervalles, qu’autant qu’il le faudroit pour en apprécier les sons, augmenteroit, à leur égard, l’expression du discours, & ne sçauroit leur paroître extraordinaire.

§. 19. faute d’avoir connu le caractère de la prononciation des Langues Grecque & Latine, on a