Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/39

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eu souvent bien de la peine à comprendre ce que les anciens ont écrit sur leurs spectacles. En voici un exemple.

« Si la Tragédie peut subsister sans vers, dit un Commentateur de la Poétique d’Aristote[1], elle le peut encore plus sans musique. II faut même avouer que nous ne comprenons pas bien comment la musique a pu jamais être considérée comme faisant en quelque sorte partie de la Tragédie, car s’il y a rien au monde qui paroisse étranger & contraire même à une action tragique, c’est le chant ; n’en déplaise aux inventeurs des Tragédies en musique, Poëmes aussi ridicules que nouveaux, & qu’on ne pourroit souffrir, si l’on avoit le moindre goût pour les Piéces de Théatre, ou que l’on n’eut pas été enchanté & séduit par un des plus grands Musiciens qui ayent jamais été. Car les

  1. Dacier Poet. d’Arist. P. 82.