Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/42

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des Grecs par celle des François, & la musique de leurs Tragédies par celle de nos Opéra : ainsi il est tout naturel qu’il soit surpris du goût des Athéniens. Mais il a tort de s’en prendre à Aristote. Ce Philosophe, ne pouvant prévoir les changemens qui devoient arriver à la prononciation & à la musique, comptoit qu’il seroit entendu de la postérité, comme il l’étoit de ses contemporains. S’il nous paroît obscur, ne nous en prenons qu’à l’habitude où nous sommes de juger des ouvrages de l’antiquité par les nôtres.

L’erreur de l’Abbé Du Bos a le même principe. Ne comprenant pas que les anciens eussent pu introduire sur leurs Théâtres, comme l’usage le plus naturel, une musique semblable à celle de nos Opéra, il a pris le parti de dire que ce n’étoit point une musique, mais seulement une simple déclamation notée.

§. 20. d’abord il me semble que par-là il fait violence à bien des passages des anciens : on le voit