Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/23

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quelquefois aussi nécessaire que Si nous étions conformés pour en avoir besoin.

J’appelle naturels les besoins qui sont une suite de notre conformation, et factices les besoins que nous devons à l’habitude contractée par l’usage des choses.

Une horde errante vit des fruits que la terre produit naturellement, du poisson qu’elle pêche, des bêtes qu’elle tue à la chasse ; et, lorsque le lieu qu’elle parcourt ne fournit plus à sa subsistance, elle passe ailleurs. Nous ne voyons, dans ce genre de vie, que des besoins purement naturels.

Notre peuplade ne peut plus errer. Elle s’est fait un besoin de vivre dans le lieu qu’elle a choisi ; elle s’en fait un de l’abondance qu’elle trouve dans les champs qu’elle cultive, et de la bonté des fruits qu’elle doit à son travail. Elle ne se contente pas d’aller à la chasse des animaux qui peuvent servir à sa nourriture et à son vêtement, elle en élève, et