Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome I.djvu/158

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n’en conſervons non plus d’idées, que ſi nous n’en avions eu aucun ſentiment. C’eſt une des cauſes, qui fait qu’avec les mêmes Senſations, les hommes ont des connoiſſances ſi différentes. Ce germe eſt par-tout le même : mais il reſte informe chez les uns ; il ſe développe, ſe nourrit, & s’accroît chez les autres.

Une ſuite de ſons ſe lient mieux dans la mémoire, qu’une ſuite de bruits. Enfin, puiſque les bruits ſont à l’oreille, ce que les odeurs ſont au nez, la liaiſon en ſera dans la mémoire la mêmeque celle des odeurs. Mais les ſons ayant, par leur nature, & par celle de l’organe, un lien beaucoup plus fort, la mémoire en conſervera