Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/169

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pour l’occuper d’un tems, qui n’eſt point encore, ou qui même ne ſera jamais ; & de ces deux paſſions naiſſent le beſoin de précautions, & l’adreſſe à en prendre. Elle paſſe donc, tour-à-tour de l’une à l’autre, ſuivant que les dangers ſe répetent, & qu’ils ſont plus ou moins difficiles à éviter ; & ces paſſions acquierent tous les jours de nouvelles forces. Elle s’effraye ou ſe flatte à tous propos. Dans l’eſpérance, l’imagination lui leve tous les obſtacles, lui préſente les objets par les plus beaux côtés, & lui fait croire qu’elle en va jouir : illuſion qui ſouvent la rend plus heureuſe, que la jouiſſance.