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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


voire départ ; mais elle est mieux. Madame d’Enville est arrivée, et vous fait mille compliments.


48. A CONDORCET.


A Paris, ce 2 mai 1774.


Quand vous seriez, Monsieur, dix fois plus actif que vous n’êtes, c’est-à-dire quarante fois plus que moi, je vous défierais de vous agiter autant que le font en ce moment tous les habitants de la fourmilière de Versailles. Vous savez ou vous apprendrez par tout le monde que le roi a la petite vérole. Elle est confluente. Il est fort affaissé, et si peu à lui, qu’il n’a pas demandé les sacrements. Madame Dubarry l’a vu avant-hier, et hier pendant le souper de Mesdames ; mais il ne lui a point parlé. L’archevêque, qui lui-même est très-mal, a été malgré les chirurgiens à Versailles ; il a vu le roi. Mais les douleurs de sa néphrétique l’ont pris ; il a pissé du sang, a rendu une pierre, et n’a point parlé au roi de sacrements. On dit que le grand aumônier s’en est chargé. L’archevêque est revenu à Paris. A minuit et demi, le roi était très-mal ; on prétend que les boutons s’aplatissaient, on en augure très-mal [1]. Cependant il n’avait point encore été question de sacrements. Mesdames, qui n’ont point eu la petite vérole, le voient toutes trois.

Vous aurez par moi ou par vos amis des nouvelles tous les jours. Madame d’Enville a été hier à Ver-

  1. Louis XV mourut huit jours après, le à mai 1774.