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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


mentaire et méthodique sur cette science, qui n’existe que par fragments. Je pense depuis longtemps, comme vous, que les princes pourraient tirer un parti très-avantageux de la noblesse instruite qui existe dans leurs États.

C’était aussi l’opinion de M. Turgot. Il voyait avec peine qu’en France, par exemple, les places d’administration du second ordre ne pussent être remplies que par des maîtres des requêtes, qui sont en très-petit nombre, qui achètent leurs charges, ce qui suppose des gens pris au hasard et des commis qui, n’ayant pas reçu la même éducation que les ministres, n’ayant pas vécu dans les mêmes sociétés, ne sont pas connus de ceux qui les emploient. Il en résulte encore un autre mal : c’est que l’homme de la cour qui parvient au ministère n’a pu s’instruire de son métier en travaillant en second dans les bureaux, et se trouve par là dans une dépendance presque absolue de ses commis.

J’espère que l’affaire de M. Dupuis s’arrangera dans le courant de cet été, si le roi veut bien lui conserver les mêmes bontés. M. de Fresne, qui aura l’honneur de vous remettre cette lettre, s’est chargé d’un exemplaire des ouvrages de M. Dupuis, qu’il doit vous présenter. C’est le petit-fils du chancelier d’Aguesseau, à qui il n’a manqué qu’lui peu de philosophie pour être un de nos plus grands hommes, et qui a laissé une mémoire si respectée. Le petit-fils est plus philosophe que son grand-père, et nous le comptons dans le petit nombre des jeunes magistrats qui nous donnent, pour l’avenir, l'espérance de