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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/258

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sur l’institution

d’agir par l’intermédiaire de ministres responsables, qu’un homme chargé d’élire et de destituer le conseil qui doit gouverner. Pour que l’opinion des dévoués à la monarchie pût donc avoir quelque force, il faudrait prouver qu’on ne saurait imaginer une méthode de choisir moins absurde. En effet, cette impossibilité seule peut excuser la préférence donnée à une institution qui abandonne les choix au hasard, qui expose à tous les inconvénients de l’incapacité ou des vices d’un individu placé sur le trône par le sort de la naissance ; individu qui, regardant le droit de gouverner comme une propriété, doit avoir pour but constant d’augmenter l’activité du pouvoir exécutif, aux dépens de là liberté individuelle. Aussi, jusqu’au moment où la lassitude et la corruption amènent l’indifférence, ce gouvernement ne pouvant obtenir de confiance, doit-il rester sans force, sans autorité pour le bien, et n’en peut-il reprendre que pour opprimer. Il faut donc prouver qu’il n’y a de choix qu’entre cette institution ou l’anarchie. Mais les partisans de ce système peuvent soutenir que l’impossibilité existe ; et ils vous diront, avec une sorte de raison : Ou montrez-nous un autre moyen, ou ne nous reprochez plus de nous servir du seul que nous connaissions.

Je vais donc, pour leur répondre, esquisser le plan d’une méthode de former un conseil de gouvernement, en l’appliquant immédiatement à la constitution française ; j’exposerai ensuite les motifs des principales dispositions, et j’indiquerai dans des notes ceux de quelques autres. Alors, puisque cette forme