Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/650

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
638
sur les élections.

corps, est donc une des premières causes qui conduisent l’Angleterre à la servitude.

Si on nous disait : Un peuple puissant était rassemblé dans les environs d’une seule ville ; les citoyens s’y réunissaient souvent sur la place publique ; et là, toutes les autorités établies s’abaissaient devant leur volonté souveraine ; ils nommaient eux-mêmes leurs généraux et leurs magistrats, et ne leur conféraient qu’une autorité de peu de durée ; le peuple était armé et accoutumé à la guerre, il composait seul la force publique : ne croiriez-vous pas qu’il a dû conserver sa liberté, sa souveraineté ? Eh bien ! tel était le peuple romain, et rien n’a plus contribué à le faire tomber dans l’esclavage, que les formes vicieuses de ses délibérations et de ses élections.

Ainsi, au moment où la nation française va se donner une constitution, l’analyse des divers modes d’élire que l’on peut choisir, et des résultats qu’ils doivent produire, mérite, sans doute, d’occuper les amis de la patrie.

C’est là ce qui décidera si nous serons gouvernés par la raison ou par l’intrigue, par la volonté de tous ou par celle d’un petit nombre, si la liberté sera paisible, ou si elle s’égarera dans de pénibles agitations.

J’ai cru devoir traiter ce sujet de nouveau, et l’approfondir autant que j’en suis capable.

J’ai examiné les questions les plus importantes, relatives au mode d’élire, dans un ouvrage de calcul, publié en 1785 ; j’ai présenté de nouvelles vues sur