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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/653

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sur les élections.

elle-même, si elle en exclut une qui l’est davantage.

La bonté du résultat d’une élection, quoiqu’il renferme une proposition contraire à un des jugements de la majorité, peut rester très-probable. En effet, cela n’arrive que dans une combinaison où il est certain que la majorité s’est trompée au moins une fois. Alors la probabilité de la bonté du résultat est celle que la majorité ne s’est trompée qu’une fois, et dans une telle proposition.

Il est inutile d’avertir que cette contradiction entre les jugements de la majorité, qui se présente dans le cas de trois candidats, doit se présenter bien plus aisément quand ils sont en plus grand nombre, et qu’alors plusieurs de ces jugements peuvent être en contradiction avec les autres ; d’où il suit que, dans ce cas, la majorité a dû nécessairement se tromper plus d’une fois ; mais les conséquences sont les mêmes.

Pour que, dans une assemblée d’électeurs, chacun puisse donner son vœu en entier, c’est-à-dire comparer deux à deux les mêmes candidats, ou, ce qui revient au même, en former la liste suivant l’ordre de mérite, il faut que cette liste soit déterminée, c’est-à-dire que chacun sache ceux sur lesquels les autres votants peuvent émettre une opinion.

Mais il n’est pas nécessaire que chacun fasse toutes ces comparaisons, compose une liste complète ; il peut en regarder un certain nombre comme égaux entre eux, soit qu’il les juge tels d’après un examen, soit que, ne les connaissant pas, il ne puisse ou ne veuille pas les juger.