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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/654

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sur les élections.

Cette condition ne gêne en aucune manière la liberté, puisqu’elle exige seulement que chacun arrête, une fois définitivement, quels sont ceux entre lesquels il croit devoir choisir. La liste de tous ceux qui seraient ainsi présentés offrirait alors à chacun tous les candidats entre lesquels les autres votants pourraient aussi vouloir juger ; ensuite il déciderait, avec une entière liberté, comment il peut prendre part à ce jugement, quels sont ceux entre lesquels il ne veut pas rester indécis, ou ceux qu’il veut rejeter le plus fortement, en les plaçant après tous les autres.

Tous les modes d’élection où chacun ne donne qu’un vote incomplet, conduisent à des résultats contraires au vœu qu’aurait eu la majorité, si on avait recueilli des votes complets.

La bonté des résultats de ces votes incomplets peut, sans doute, avoir quelque probabilité ; mais elle ressemble à celle d’une proposition qui n’a été examinée qu’à demi ; et nous ne devons adhérera une proposition probable que dans le cas où l’on aurait découvert l’impossibilité de combiner de nouvelles données, et tant que dure cette impossibilité.

Mais on manquerait également le but, si l’on forçait chaque votant d’émettre, non le vœu complet qu’il forme réellement, mais un vœu complet dans un sens absolu, c’est-à-dire de fixer un ordre de préférence entre tous les candidats, même entre ceux qu’il ne connaît pas. En effet, il est clair qu’alors il rangerait ceux-là au hasard, et qu’ainsi son jugement pourrait faire préférer celui qui ne l’aurait pas été.