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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/657

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QUE TOUTES LES
CLASSES DE LA SOCIÉTÉ
N’ONT QU’UN MÊME INTÉRÊT.
8 JUIN 1793[1].

Une des principales causes qui ont amené, conservé, rétabli la tyrannie d’un seul ou de plusieurs, est l’apparente opposition d’intérêts entre les diverses classes qui existent naturellement dans une société.

Il est facile d’arrêter, par la force de la loi, les injustices que produisent les intérêts privés, ou les passions personnelles ; mais il l’est bien moins d’empêcher les passions qui agitent des classes nombreuses, les intérêts qui les divisent, de troubler l’ordre général de la société, de prêter un appui aux projets des ambitieux, de fournir des prétextes pour instituer des pouvoirs qui blessent les droits des hommes, ou menacent la liberté.

J’ai dit : les diverses classes qui existent naturellement dans la société, parce que la loi ne doit en créer, en souffrir aucune de celles qui sont l’ouvrage des institutions sociales, comme des maîtres et des esclaves, une noblesse et une bourgeoisie héréditaire, etc., etc. Mais la distribution des travaux ou des richesses, celle des individus sur le territoire, produit nécessairement des hommes pou-

  1. Journal d’Instruction sociale.