vant vivre sans travail, et d’autres n’ayant que leur travail pour vivre ; des cultivateurs, des manufacturiers et des commerçants ; des entrepreneurs, des ouvriers et des consommateurs ; des propriétaires de fonds et des capitalistes. Une partie des citoyens est répandue dans les campagnes, le reste s’est réuni dans des villes ; une de ces villes devient, par le fait, une sorte de chef-lieu national.
Si donc chacune de ces distinctions, nécessaires dans la fortune, dans les professions, dans la manière de vivre, donnait à chacune des classes qui en résultent des intérêts réellement opposés, la société entière serait perpétuellement agitée par une guerre sourde entre ces classes ennemies ; mais, au contraire, si cette opposition est imaginaire, si toutes ces classes n’ont qu’un même intérêt, il suffira de leur prouver cette vérité pour tarir la source des dangers dont le préjugé contraire menaçait la tranquillité publique, ou la liberté, des obstacles qu’il opposait à la prospérité générale.
En Angleterre, où l’on se croit gouverné par des pouvoirs qui se balancent, on s’occupe de balancer aussi les intérêts opposés ; on y cherche à maintenir l’équilibre entre l’intérêt commercial et l’intérêt territorial. Les ministres ne permettent pas à la nation de savoir que si des pouvoirs agissent, c’est qu’ils s’accordent, et que, si des intérêts concourent à un but commun, c’est qu’ils sont les mêmes.
Je vais donc essayer de prouver que ces prétendues oppositions d’intérêts n’existent pas ; que le développement des facultés de l’homme, le progrès