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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/95

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sur les finances.

faillible ment un déplacement de fortunes, qui entraînerait avec lui des changements, des incertitudes dans les moyens de subsister, toujours contraires au bonheur du peuple et à la tranquillité publique ; que les mouvements dans les prix seraient alors livrés à l’opinion, aux événements divers ; que cet ordre de choses, qui pourrait se soutenir dans un pays isolé et paisible, serait dangereux pour une nation encore agitée et entourée d’ennemis.

L’idée de voir, par ce moyen, une circulation toujours croissante animer le commerce et l’industrie, ne serait qu’une chimère dont l’expérience aurait bientôt détrompé. En accélérant trop rapidement le payement des créanciers, on serait donc injuste envers ceux qui ne recevraient pas leurs remboursements les premiers, puisque, par l’effet de la dépréciation de la monnaie employée dans le payement, on leur donnerait moins qu’on ne leur doit ; puisque, pour des sommes nominativement égales à celles que les premiers auraient reçues, ils recevraient des valeurs réellement plus faibles. Un ordre dans les remboursements obligerait d’en mettre dans les liquidations ; et, pour la masse générale des créanciers, un tel ordre n’est-il pas préférable à un payement immédiat, mais dépendant de liquidations incertaines et arbitraires quant à leurs époques ?

D’ailleurs, à moins qu’on ne regarde comme utile, comme bonne en elle-même, la multiplication indéfinie du papier-monnaie ; à moins qu’on ne croie qu’il n’existe pas un terme où elle devienne nuisible, la prudence exige de réserver cette ressource