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14 VIE DK M. TURGOT.

sciences est sans bornes. Il fait voir comment les plus utiles inventions dans les arts mécaniques ont pu naître dans les siècles d’ignorance, parce que ces inventions ont pour objet des arts cultivés nécessairement dans tous les temps, et que l’observation et l’expérience peuvent en ce genre donner aux hommes de génie les connaissances nécessaires pour s’élever à ces inventions. Il montre que les sciences durent leurs premiers progrès à la découverte de l’écriture ; que celle de l’écriture alphabétique leur fit faire un nouveau pas, et l’imprimerie un plus grand encore, puisque cet art les a répandues sur un giand espace, et garantit leur durée. Enfin, il prouve que leurs progrès, auxquels on ne peut assigner aucun terme, sont une suite de la perfectibilité de l’esprit humain, perfectibilité qu’il croyait indéfinie. Cette opinion, qu’il n’a jamais abandonnée depuis, a été un des principaux principes de sa philosophie.

Le temps où il fallait déclarer enfin qu’il ne serait point ecclésiastique était arrivé. Il annonça cette résolution à son père dans une lettre motivée ; et il obtint son consentement.

L’état de maître des requêtes était celui qu’il avait choisi. Passionné pour tous les genres de connaissances, comme pour la littérature et la poésie, il avait étudié les éléments de toutes les sciences, en avait approfondi plusieurs, et formé la liste d’un grand nombre d’ouvrages qu’il voulait exécuter. Des poèmes, des tragédies, des romans philosophiques, surtout de vastes traités sur la physique, sur l’histoire, la géographie, la politique, la morale, la mé-