Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 5.djvu/287

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AVERTISSEMENT
SUR
LA PREMIÈRE LETTRE.


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Tout le monde sait que M. l’abbé Sabbatier de Castres, ayant eu le malheur d’offenser Dieu par la composition d’une vie de[1] Benedict Spinosa, et par de petits vers libertins, est venu à résipiscence : ses confesseurs lui ont donné pour pénitence de compiler un gros dictionnaire contre les Encyclopédistes. C’est ainsi que les jésuites condamnèrent autrefois le grand Corneille à mettre l’Imitation en vers, pour expier le crime d’avoir fait Cinna.

  1. M. de Voltaire est tombé dans une erreur grossière au sujet de Spinosa. Il dit que B. Spinosa signifie Baruch Spinosa, et non Benoît Spinosa ; Spinosa n’ayant jamais eu le bonheur d’être baptisé. Nous répondons victorieusement que Spinosa fut nommé Benedictus, c’est-à-dire, bénit, et non pas Benoît ; car les juifs ont le malheur de faire très-peu de cas de saint Benoît, patron des révérends Pères bénédictins. M. de Voltaire nous permettra donc de lui dire, avec M. Larcher, que deux poëmes épiques, dix tragédies sublimes, ne peuvent mériter le titre d’homme de génie à un écrivain qui se trompe si lourdement sur les noms de baptême.