Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 5.djvu/292

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On nous dit

(c’est le Saint-Esprit qui le dit)

On nous ditqu’ici-bas tout n’est que vanité ;
Que d’erreurs, de chagrins, toute la terre abonde ;
Mais aimer constamment une jeune beauté,
Est la plus douce erreur des vanités du monde.

Ailleurs, vous citez la Chercheuse d’esprit comme un modèle. Dans cette pièce, on dit à une petite fille de donner sa main.

Eh ! ma main, pourquoi faire ?


répond-elle.

La Femme juge et partie, autre pièce à équivoques, est encore l’objet de vos éloges.

Vous ne parlez point du livre intitulé : Vindiciæ contra tyrannos, que les bibliographes attribuent à Languet.[1] Vous avez aussi oublié l’article de la Boëtie, cet homme si aimable et si vertueux, que Montagne aima avec tant de tendresse. Son discours de la servitude volontaire méritait bien quelques mots. Jamais, peut-être, on n’a exprimé, avec plus de chaleur, la haine de la servitude et le mépris pour ceux qui ont la lâcheté de la souffrir. Votre silence vous expose à être soupçonné de ne feindre tant de zèle pour l’autorité, que pour calomnier, auprès du gouvernement, des hommes que vous voudriez perdre, parce leur supériorité a blessé votre orgueil. Le monde

  1. Article d’Hubert Languet.