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Vie de M. turgot.


efficace de procurer aux hommes un bonheur durable, c’est de détruire leurs préjugés, et de leur faire connaître et adopter les vérités qui doivent diriger leurs opinions et leur conduite. Il pensait que l’on parviendra infailliblement à ce but en examinant toutes les questions, en discutant paisiblement toutes les opinions ; et qu’il est important que cette discussion soit publique, que tous les hommes soient appelés à cet examen, afin que la connaissance de la vérité ne reste pas renfermée entre un petit nombre de personnes, mais qu’elle soit assez répandue pour n’être point ignorée de ceux qui, par l’éducation qu’ils ont reçue, sont destinés à occuper toutes les places.

L’Encyclopédie lui parut un ouvrage très-propre à remplir ces vues. Il devait contenir des notions élémentaires et justes sur tous les objets de nos connaissances, renfermer les vérités les plus certaines, les plus utiles et les plus importantes des différentes sciences. On y devait trouver la discussion de toutes les questions qui intéressent les savants ou les hommes, et les opinions les plus générales ou les plus célèbres, avec l’histoire de leur origine, de leurs progrès, et même les preuves, bonnes ou mauvaises, sur lesquelles elles avaient été appuyées. Aussi s’intéressât-il vivement à la perfection de cet ouvrage : il voulut même y contribuer, parce qu’il voyait avec peine l’espèce d’abandon auquel plusieurs parties importantes avaient été livrées ; et il donna les articles Etymologie, Expansibilité, Existence, Foire et Fonda lion.

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