Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/199

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les circonstances où se trouvent leurs familles, l’état auquel on les destine, peuvent don-ner plus ou moins de temps à l’instruction. Tous les individus ne nais-sent pas avec des facultés égales, et tous enseignés par les mêmes mé-thodes, pendant le même nombre d’années, n’apprendront pas les mê-mes choses. En cherchant à faire apprendre davantage à ceux qui ont moins de facilité et de talent, loin de diminuer les effets de cette inégalité, on ne ferait que les augmenter. Ce n’est point ce que l’on a appris qui est utile, mais ce que l’on a retenu, et surtout ce que l’on s’est rendu propre, soit par la réflexion, soit par l’habitude.

La somme des connaissances qu’il convient de donner à chaque homme, doit donc être proportionnée non seulement au temps qu’il peut donner à l’étude, mais à la force de son attention, à l’étendue et à la durée de sa mémoire, à la facilité et à la précision de son intelligence. La même observation peut également s’appliquer à l’instruction qui a pour objet les professions particulières, et même aux études vraiment scientifiques.

Or, une instruction publique est nécessairement la même pour tous les individus qui la reçoivent en même temps. On ne peut donc avoir égard à ces différences qu’en établissant divers cours d’instruction gradués d’après ces vues, de manière que chaque élève en parcourrait plus ou moins de degrés suivant qu’il pourrait y employer plus de temps, et qu’il aurait plus de facilité pour apprendre. Trois ordres d’établissements paraissent suffire pour l’instruction