Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/223

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même au ridicule de faire enseigner, comme vrais, des principes contradictoires.

Ces réflexions doivent s’étendre à l’instruction destinée aux hommes.

Ce que nous avons dit de cette partie de l’instruction destinée aux premières années, s’étend également à celle qui doit embrasser le reste de la vie. Elle ne doit pas avoir pour objet de propager telles ou telles opinions, d’enraciner dans les esprits des principes utiles à certaines vues, mais d’instruire les hommes des faits qu’il leur importe de connaître, de mettre sous leurs yeux les discussions qui intéressent leurs droits ou leur bonheur, et de leur offrir les secours nécessaires pour qu’ils puissent se décider par eux-mêmes.

Sans doute, ceux qui exercent la puissance publique doivent éclairer les citoyens sur les motifs des lois auxquelles ils les soumettent. Il faut donc bien se garder de proscrire ces explications de lois, ces expositions de motifs ou d’intentions qui sont un hommage à ceux en qui réside le véritable pouvoir, et dont les législateurs ne sont que les interprètes. Mais au-delà des explications nécessaires pour entendre la loi et l’exécuter, il faut regarder ces préambules ou ces commentaires présentés au nom des législateurs moins comme une instruction, que comme un compte rendu par les dépositaires du pouvoir au peuple dont ils l’ont reçu ; et surtout il faut bien se garder de croire que de telles explications