Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/261

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suivre l’opération, et pour observer en même temps les principes dont elle n’est que l’application. On terminerait enfin l’instruction de cette seconde année par l’exposition des premières notions de la géométrie.

Instruction de la troisième année.

Dans la troisième année, nous trouvons les enfants ayant déjà des idées morales qu’ils se sont eux-mêmes formées en quelque sorte. Les histoires qui leur seront alors destinées, et où l’on peut faire entrer les mots auxquels l’analyse a déjà attaché des idées justes, doivent avoir pour but de donner à ces idées plus d’étendue et de précision, et d’en augmenter le nombre ; enfin de conduire les élèves à comprendre les préceptes de la morale, ou plutôt à les inventer eux-mêmes. On ne peut, dans aucun genre, enseigner ou prouver une vérité, si celui à qui on veut l’apprendre ou la démontrer n’est pas d’avance amené au point où il ne lui faudrait qu’un peu d’attention et de force de tête pour la trouver lui-même. L’enseignement ne consiste qu’à présenter le fil qui a conduit les inventeurs, à montrer la route qu’ils ont parcourue, et l’élève fait nécessairement ou les raisonnements qu’ils ont faits, ou ceux qu’ils auraient pu faire avec un égal succès. Ainsi, les premiers préceptes de la morale, renfermés dans les histoires qu’on fera lire aux enfants, mais sans y être exprimés, leur seraient ensuite développés par le maître, qui les y conduirait insensiblement, comme à un résultat qu’eux-mêmes ont découvert, et qu’il n’a